L’Athénée Royal Paul Delvaux a célébré les 30 ans d’existence de son antenne de Lauzelle, fondée en 1994 sur les principes de la pédagogie active.

Un grand chapiteau, une estrade, beaucoup de fleurs. Le tout placé devant six maisons d’habitation en bordure de la nationale 4 à Louvain-la-Neuve : l’antenne de Lauzelle de l’Athénée Royal Paul Delvaux fête ses 30 ans ! Ce jubilée fut principalement fêté en deux temps : des discours officiels suivis d’une grande soirée quiz animée par un duo de choc formé d’une des éducatrices de l’école et d’un professeur. Lors de la partie protocolaire, se sont succédés le préfet, Philippe Nevreumont, le bourgmestre d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, Nicolas Van der Maeren et enfin Roland Lambeau, premier coordinateur de l’école. On notera la présence de Jacques Benthuys, ancien échevin de l’enseignement et cheville ouvrière du projet de deux écoles communales (primaire et secondaire) à pédagogie « nouvelle » sur le site de l’UCLouvain.
Ce trentenaire fut l’occasion de dresser un long bilan lucide et engagé de la part d’un des co-fondateurs de l’école, Roland Lambeau : « L’antenne de Lauzelle a été pensée pour répondre à la demande croissante des familles souhaitant une continuité entre l’école primaire à pédagogie active et le secondaire. Nous avons repris des méthodes de Decroly, Hamaïde, même Freinet que nous avons complétées par des recherches chez les quelques cinquante pédagogues de l’Education Nouvelle. Depuis, l’établissement a traversé de nombreuses évolutions : changement de coordination, réforme du Pacte pour un Enseignement d’excellence, gestion de la pandémie de Covid-19, et intégration progressive du tronc commun. »
Roland Lambeau défend une pédagogie active équilibrée, où le travail à domicile prépare une exploitation en classe plus riche. Il s’emploie aussi à démystifier certains malentendus autour des méthodes actives, en insistant sur le rôle essentiel de l’enseignant motivé et compétent, la nécessité d’un cadre structurant, et l’importance du collectif.
Ce visionnaire, dépeint comme un météorologue, au sens propre comme au sens figuré, par certains membres de son ancienne équipe, met en garde contre la lourdeur des dispositifs administratifs. Il qualifie par exemple le Pacte scolaire d’« approche mitigée », pointant une gestion plus suivie de la pédagogie et une surveillance des pratiques des enseignants qui peut grignoter leur autonomie professionnelle.
Concernant la coordination de l’école, Roland Lambeau rappelle que « cette fonction est parfois ingrate et fatigante » et s’interroge sur « le problème d’organisation, de communication, de respect, de confiance réciproque avec l’équipe d’encadrement ». Pour lui, « cette fonction devrait être clairement définie tant pour son statut que pour ses rôles et fonctions ».
« Cette fonction est-elle devenue « une salle d’attente » pour futurs directeurs ? »
Enseignant retraité depuis huit ans, Roland Lambeau a livré ses réflexions sans langue de bois. Il appelle à un avenir où la coordination sera stabilisée avec un cadre de formation adapté pour renforcer la confiance avec l’équipe, le soutien aux projets éducatifs et la réussite des élèves.
Trente ans après sa fondation, l’ARO Lauzelle reste un laboratoire vivant, un projet toujours en construction, au sens propre comme au sens figuré. L’idée est bien d’incarner le projet pédagogique à toutes les échelles et de rester en permanente évolution. Pour ce faire, un réel architecte de la pédagogie est requis. Ce rôle fut incarné par Roland Lambeau pendant les 22 premières années de l’existence de l’école et sa retraite ne passa pas inaperçue. Il conclut son récit par « Et n’oublions pas notre Arlésienne de Lauzelle…Le Bâtiment…Un rêve ? Une réalité ? »
Cet article a été publié dans le journal L’Avenir Brabant wallon du 30 mai 2025.


